Temps superbe ce dimanche 11 Décembre, dans la foret de la Massane, où prés de quarante « Gorets » studieux et émerveillés suivent pas à pas le maitre des lieux , à savoir Joseph Garrigue, conservateur de la Réserve Naturelle Nationale de la Forêt de la Massane depuis 25 ans.
Les oiseaux ont du repérer ce jovial cortège, et s’en sont surement inquiétés au point que nous n’avons contacté que quelques Sitelles en début de matinée, un petit nombre Mésanges charbonnières tout au long du parcours, un Grand corbeau et quelques Geais des chênes le soir. Il est vrai que nous avons passé plus de temps à écouter Joseph nous faisait découvrir l’infinie diversité de l’entomofaune locale qui se niche dans le bois mort, la litière, ou dans les gales observées sur la Bruyère arborescente ou le Chêne pubescent, le rôle des champignons saprophytes dans la décomposition de la lignine permettant la régénération de la forêt, les méthodes de communication entre les végétaux …
Au refuge du Laboratoire Arago, avant le pique nique, Joseph, cartes en main nous expliqua avec quel soin sont étudiés les 50 000 arbres de la réserve intégrale, démontant l’impact de 15 jours de canicule ayant entrainé la mort de 10% des arbres suivis. Une démonstration implacable des dégâts prévisibles imputables au changement climatique. En grand pédagogue, il ramena le sourire sur nos visages momentanément fermés en expliquant combien il était difficile d’embrasser un houx pour en mesurer le diamètre. Après la pause pique nique ( dégustation de bonbons au miel sublimissimes offerts par Stéphane Pinéda, apiculteur, et son fils Thomas), direction la cascade au pied de laquelle trône un if antédiluvien au tronc démesuré.
Chemin faisant, sous un doux soleil d’hiver qui faisait flamboyer les houx au milieu des clairières, nous avons pu observer le rarissime Hericium clathroides , un champignon lignicole à l’allure de récif corallien, dont deux seules stations sont connues en réserves naturelles dans les Pyrénées, le crottier du pique-prune Osmoderma eremita , gros coléoptère inféodé aux vielles forêts, et sur les troncs d’arbres centenaires le petit orifice de sortie de la Rosalie Alpine ( longicorne emblèmatique de la réserve ) contrastant avec les énormes cavités creusées par le Pic noir, hôte récent , mais discret des lieux. En queue de peloton, Diane , avec une infinie patience , reprend , pour les trainards ou les distraits ( dont je fus ).
Parmi les bonus de cette excellente journée, un petit cours de géologie par Roselyne Buscail, quelques rappels historiques par l’érudit Guy Olivier, et des apports en mycologie de Jean Louis Jalla. Laissons le bon mot de la fin au facétieux Bernard qui nous fit remarquer « qu’une réserve naturelle, ça a beau être naturel, il vaut quand même mieux mettre un conservateur dedans » . Ajoutons que quand le conservateur en question s’appelle Joseph Garrigue , on peut dormir tranquille : la réserve est en de très bonnes mains.
Merci donc à Joseph et à Diane de nous avoir les portes d’un univers que beaucoup, certainement, ne soupçonnaient même pas !
Pierre Fita
Merci à Pierre pour ce compte rendu plein de magie !
Source : www.gor66.fr